Il est peut-être indécent de publier ce texte en période de fièvre électorale, mais il ne s’agit pas des “législatives” ! Louis Pergaud, dans cet extrait des Rustiques (recueil de nouvelles publié en 1921), évoque avec humour (déjà le titre : Deux Électeurs sérieux est révélateur) le combat des urnes à Longeverne, le village où se déroule, neuf ans plus tôt, La Guerre des boutons.
« Tous les quatre ans, au moment des élections municipales, Laugu du Moulin et Abel le Rat, journaliers à Longeverne, l’un ancien meunier, l’autre ex-rat de cave, le premier décavé, le second révoqué pour avoir tous deux trop fêté la dive bouteille, se sentaient prendre du poids.
Comme les deux partis politiques (les Rouges et les Blancs) étaient à peu près d’égale force au village et que le succès dépendait des voix douteuses de quelques citoyens, genre Abel et Laugu, ces deux-ci avaient depuis longtemps jugé tout le parti qu’ils pouvaient tirer — ou soutirer — comme on voudra, d’une si admirable situation.
Ils se contentaient donc de ménager la chèvre républicaine et le chou réactionnaire avec une délicatesse, un doigté qu’eût pu leur envier tel politicien de plus grande envergure ; député, sénateur, voire sous-secrétaire d’État ou ministre. »
Merci M. Depasse. On peut chercher pendant un bon quart d’heure, on ne découvrirra sans doute pas jusqu’à la dernière minute le “catch”… Délicieuse lecture d’une histoire bien actuelle…
ShmuelR