Charles Leballeur-Villiers, Groupe de personnages avec la famille Hugo dans le jardin de Hauteville House (vers 1860)

Mes fils

Les deux fils de Victor Hugo, Charles (1826-1871) et François-Victor (1828-1873) sont morts depuis peu quand leur illustre père écrit ce texte. Il rappelle leur vie quand ils étaient en prison et en exil, insiste sur leur génie littéraire (héréditaire sans doute ! ) en des phrases sobres et souvent sentencieuses. Puis le ton s’enfle dans la deuxième moitié quand l’ancien proscrit de Guernesey crie son dégoût de l’avilissement de la France sous l’occupation prussienne.

« On était mis hors la loi, expulsé, banni, rebanni, proscrit, reproscrit ; tel homme qui a des cheveux blancs a été chassé quatre fois, d’abord de France, puis de Belgique, puis de Jersey, puis de Belgique encore ; eh bien, quoi ? on était des exilés. On souriait. On disait : Oui, mais la France ! La France est là, toujours grande, toujours belle, toujours adorée, toujours France ! Il y a un voile entre elle et nous, mais un de ces jours l’Empire se déchirera du haut en bas, et, derrière la déchirure lumineuse, la France reparaîtra ! La France reparaîtra, quel éblouissement ! […] Hélas, on rêvait l’apothéose, on a le pilori. La patrie a été foulée aux pieds par cette sauvage, la guerre étrangère, et par cette folle, la guerre civile ; l’une a essayé d’assassiner la civilisation et de supprimer le chef-lieu du monde ; l’autre a brûlé les deux crèches sacrées de la Révolution, les Tuileries, nid de la Convention, l’Hôtel-de-Ville, nid de la Commune. On a profité de la présence des Prussiens pour jeter bas la colonne d’Iéna. On leur a ajouté cette joie. »

Il termine en imaginant les retrouvailles : « Un jour, bientôt peut-être, l’heure qui a sonné pour les fils sonnera pour le père. La journée du travailleur sera finie. Son tour sera venu ; il aura l’apparence d’un endormi ; on le mettre entre quatre planches, il sera ce quelqu’un d’inconnu qu’on appelle un mort, et on le conduira à la grande ouverture sombre. Là est le seuil impossible à deviner. Celui qui arrive y est attendu par ceux qui sont arrivés. »
Les hugolâtres apprécieront ce beau texte extrait d’Actes et paroles publié en 1876.


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Illustration :

Charles Leballeur-Villiers, Groupe de personnages avec la famille Hugo dans le jardin de Hauteville House (vers 1860)

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Livre audio gratuit ajouté le 21/05/2012.

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