« Considérez, lecteurs et lectrices, que je n’ai pas comme les autres auteurs mes confrères, la ressource des clairs de lune et des couchers de soleil, pas la plus petite description de château, de forêt ou de ruines. Je n’emploie pas de fantômes, encore moins de brigands ; j’ai laissé chez le costumier les pantalons mi-partis et les surcots armoriés ; ni bataille, ni incendie, ni rapt, ni viol. Les femmes de mon livre ne se font pas plus violer que la vôtre ou celle de votre voisin : ni meurtre, ni pendaison, ni écartèlement, pas un pauvre petit cadavre pour égayer la narration et étouper les endroits vides.
Vous voyez combien je suis malheureux, obligé tous les deux jours de fournir, jusqu’à ce que mort s’ensuive, une feuille in-octavo de vingt-six lignes à la page et de trente-cinq lettres à la ligne.
[…] D’ailleurs, ce qui rend ma tâche encore plus difficile, je suis décidé à ne mettre dans ce volume que des choses mathématiquement admirables. Avec des connaisseurs comme vous, je ne puis farcir ma dinde de marrons au lieu de truffes ; vous êtes trop fins gourmets pour ne pas vous en apercevoir tout de suite, et vous crieriez haro sur moi ; ce que je veux éviter par-dessus toute chose. »
Ces lignes amusantes donnent une idée de la légèreté de Celle-ci et celle-là ou La Jeune France passionnée (1833), où quelques pages presque inconvenantes voisinent avec de fines analyses de la poésie et de l’amour et, inclus, un dialogue vaudevillesque théâtralisé.
Les Jeunes-France, par Célestin Nanteuil (1813-1873).
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