Ce texte est la suite logique du texte de Simone Weil intitulé Remarques sur le projet de nouvelles constitutions. Tous les deux datent de 1943. Les enjeux en sont similaires. Mais ici, Simone Weil propose et ne se contente pas de critiquer un projet présenté par ses collègues. Certaines propositions de la philosophe sembleront idéalistes et utopiques à quelques lecteurs. Ne tiennent-elles pas d’une sorte de rêverie de visionnaire ? Simone Weil anticipe elle-même, dans la dernière phrase de son texte, cette objection et y répond en écrivant : « Tout cela a l’air fantaisiste, mais ne l’est pas. Le plus difficile serait d’imaginer le régime de transition avant que de telles mœurs puissent s’installer. » C’est bien l’état présent des choses qui rend difficile l’évolution vers des formes plus justes et la remise du pouvoir entre les mains d’hommes plus justes que nous. La seule difficulté, mais de taille, est devenir juste soi-même. Bref, sans pensées justes, il est vain d’espérer la justice de quelques systèmes que ce soit. La différence entre l’idéal et le rêve, c’est que le rêve est incapable de juger de la réalité, alors que l’idéal se garde bien de l’ignorer et le juge en connaissance de cause. Le rêve coupe du réel, l’idéal y est attaché.
Pour le reste, les principes, clairs et simples semblent bien tous dans la continuité de ceux définis dans L’Enracinement, dans la Note sur la suppression générale des partis politiques, et dans les Remarques sur le nouveau projet de constitution de 1943.
« 1° Il n’importe pas comment le chef du gouvernement est nommé, mais comment son pouvoir est limité, comment l’exercice en est contrôlé, comment il est éventuellement châtié.
[…]
2° L’activité législatrice consiste à penser les notions essentielles à la vie d’un pays. Le peuple a des aspirations, mais n’a pas la possibilité d’en faire des idées claires. Il doit nommer des hommes, non afin de le « représenter » (qu’est-ce que ce mot peut vouloir dire ?), mais afin de penser pour lui.
Pour cela, il faut qu’il désigne des hommes et non des partis. Les partis ne pensent pas. Ils pensent moins que le peuple. »
Excellente lecture qui permet une belle compréhension de ce texte intéressant!
Merci Lucovic pour votre sens de la transmission des pensées de Simone Weil
Bonjour Bruissement merci pour votre sympathique commentaire! Je vois donc que la suite du précédent texte ne vous a pas échappé… tant mieux. Pour info, dans les prochains jours le texte la Personne et le Sacré de S Weil devrait être publié aussi sur Littérature Audio.
À bientôt et merci pour vos belles lectures soignées, que je suis avec intérêt et plaisir.