Paul-Jean Toulet (1867-1920) l’auteur des Contrerimes a dû attendre l’année de sa mort pour être considéré comme maître du groupe des « fantaisistes » qui allient la tendresse avec le cynisme comme dans Mon amie Nane (1905) où l’héroine est une femme légère toujours sympathiquement présentée et parfois émouvante, malgré sa gouaille.
Comme cadeau de noces le narrateur, son ancien amant, lui propose avec humour (le ton de la moitié du roman)
« J’ai songé à vous envoyer mon dictionnaire Larousse. J’en suis dégoûté ; il est plein d’erreurs, qui telles quelles, pourtant, pourraient encore suffire à votre instruction. Mais peut-être que ça ne vous amuse pas beaucoup, le dictionnaire Larousse ? Préférez-vous le Moreri ? Non plus ; quoi alors ? Vous savez bien qu’il ne me reste pas un bibelot passable, depuis longtemps que vous avez pris le soin de n’en laisser chez moi aucun qui puisse tenter une autre femme ; ce qui est du sentiment le plus délicat, mais n’a pas laissé de faire un peu de vide sur mes commodes. »
Photographie de Liane de Pougy.
Cher Monsieur Depasse, quelle surprise ce petit bijou! Vous lisez ça à merveille. Je n’ai rien vu venir, d’abord, ravie par le style mais mal à l’aise ( au dessus du marigot dont personne ne songe à masquer le relent nauséabond, on se prend à sourire, le nez pincé et le coeur se gonfle sans crier gare. Le texte qui présente “Mon amie Nane” tient ses promesses. J’en reste toute songeuse et bouleversée. Merci beaucoup. Je découvre tant de choses grâce à vos lectures.