« Le jour qu’il fut bien avéré que le père François ne pouvait plus travailler, sa femme, beaucoup plus jeune que lui et très vive, avec deux petits yeux brillants d’avare, lui dit :
– Qué qu’tu veux, mon homme !… Quand tu seras là à te désoler pendant des heures !… Tout a une fin sur c’te terre… T’es vieux comme le pont de la Bernache… t’as près de quatre-vingts ans… t’as les reins noués, quasiment une vieille trogne d’orme… Faut t’faire une raison… repose-toi…
Et ce soir-là elle ne lui donna pas à manger.
Quand il vit que le pain et le pot de boisson n’étaient pas sur la table selon la coutume, le père François eut froid au cœur. Il dit d’une voix tremblante, d’une voix humiliée et qui implorait :
– J’ai faim… ma femme… j’voudrais ben ma p’tite croûte… »
Gabriel Fauré, Sonate pour violon et piano en la majeur, Andante, interprété par Zino Francescatti et Robert Casadesus (1957, domaine public).
Merci !
Je continue ma découverte de cet auteur d’une étonnante modernité, et dont l’œuvre se teinte d’une sombre poésie.
Merci à vous deux pour votre belle interprétation, et l’illustration musicale qui est parfaitement adaptée : elle vient soutenir le texte sans jamais s’imposer à lui. Un très beau moment.
MAGNIFIQUE !
Merci à tous les deux
jeannedelaville
Ah! Didier, vous faîtes une erreur qui m’a amusée: c’est Juliette et Milunisu qui ont lu cette nouvelle! Ils ne vous en voudront pas…
Pomme.
MERCI pOMME;