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Odes, III, 30 : Exegi monumentum.
Traduction : Université catholique de Louvain.
J’ai achevé un monument plus durable que le bronze
et plus altier que la rouille royale des pyramides,
que ni la pluie vorace ni l’Aquilon déchaîné
ne sauraient détruire ou, innombrable,
la chaîne des années et la fuite des âges.
Je ne mourrai pas tout entier et une partie nombreuse de moi-même
échappera à Libitina ; sans cesse, moi, par la gloire de la postérité,
je grandirai toujours jeune, tant que du Capitole
le pontife scandera les marches en compagnie de la vierge silencieuse.
Je serai proclamé, par où retentit l’impétueux Aufide
et là où Daunus, pauvre en eau,
a régné sur des peuples rustiques, devenu puissant d’humble que j’étais,
le premier à avoir entraîné le chant éolien
dans les cadences devenues italiennes. Conçois un rare orgueil
pour tes services, et du laurier delphique
ceins, avec bienveillance, Melpomène, ma chevelure.
Odes, I, 37 : Nunc est bibendum.
Traduction : Henri Patin (1793-1876).
C’est maintenant qu’il faut boire, qu’il faut, d’un libre pied, frapper la terre ; qu’il faut, comme aux repas des Saliens, charger de mets splendides la table des dieux : le temps en est enfin venu, ô mes compagnons !
Auparavant, pouvait-on songer à retirer le cécube du cellier des aïeux, quand une reine tramait en insensée la ruine du Capitole, les funérailles de l’empire, avec un impur troupeau d’hommes dégradés et corrompus, s’abandonnant sans frein à toutes les espérances, s’enivrant des douceurs de la fortune.
Mais bientôt tomba sa fureur, quand un seul de ses vaisseaux à peine eut échappé à l’incendie : son âme, qu’égaraient les vapeurs du vin de Maréotis, fut ramenée au sentiment d’une terreur réelle, quand César, de ses rames agiles, la poursuivit sur les mers, volant loin de l’Italie, comme poursuit la faible colombe, ou le lièvre timide, l’épervier, rapide chasseur, dans les plaines couvertes de neige de l’Hémonie.
Il voulait mettre aux fers ce monstre suscité contre nous par la destinée. Mais elle, cherchant un généreux trépas, ne pâlit pas, en faible femme, à la vue de l’épée ; ne gagna point, sur ses légers vaisseaux, des rivages ignorés, en quête d’un nouveau royaume. Elle osa contempler d’un œil serein la chute de son palais ; elle toucha sans crainte des vipères irritées, pour faire pénétrer dans ses veines leur noir venin, décidée à mourir, et par là remplie d’audace.
Ainsi, dans son noble orgueil, cette femme au-dessus de son sexe envia aux galères liburniennes la joie cruelle de la conduire, déchue de sa gloire, à la suite d’un superbe triomphateur.