(O) LOUÏSE, Gilles — Critique des anciens versificateurs

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10 sujets de 1 à 10 (sur un total de 10)
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  • #143509
    AegidiusAegidius
    Participant
      #154527
      AegidiusAegidius
      Participant

        Faisant suite à mon « Ars poetica » déposée ici il y a quelques semaines, je vous propose un autre texte de la même veine intitulé « Critique des anciens versificateurs » que je viens de terminer, ce qui expose plus longuement ma manière de voir en la matière.

         http://dl.free.fr/m5pM0Lq9N

        Comme j’enregistre en ce moment Ferragus de Balzac, je n’ai pas encore enregistré le premier qui avait été accepté par votre jury bienveillant, par simple respect des priorités, ce qui permet à un internaute éventuellement intéressé de s’en charger, pour le cas où cela lui conviendrait.

        Portez-vous bien
        Et vis sit omnibus vobiscum.
        Aegidius

        #154528
        Joseph-MarieJoseph-Marie
        Participant

          Bonsoir,

          Votre critique me semble bien anachronique en ce qui concerne la prononciation de la langue française au 17ème siècle. Certes, la langue des versificateurs ne correspondait pas toujours au parler courant, elle répondait cependant aux règles de prononciation en vigueur. Ainsi vos critiques sur les rimes féminines ou masculines ne tiennent aucun compte de la longueur (des féminines) : d'ailleurs même aujourd'hui on entend encore des personnes prononcer “é” et “ée” de manière différente. De même pour les “s” en fin de mot ou de période, au 17ème “admis” rime avec “fils”, et quand je dis “rime” il s'agit bien de sons.

          Que vous ne soyez pas d'accord avec le carcan qui était imposé à l 'époque, je le conçois. Mais vous ne pouvez justifier votre désaccord au moyen d'arguments sans valeur car anachroniques. Si vous voulez moderniser votre versification, je n'y vois pas d'inconvénients – j'aime autant la poésie libre que les alexandrins classiques – mais laissez reposer en paix les anciens versificateurs, et appliquez plutôt votre art à raconter une histoire qu'à faire de la critique. Je vous prie de bien vouloir pardonner ma franchise. Cordialement,

          Joseph-Marie

          #154529
          AegidiusAegidius
          Participant

            Cher Joseph-Marie,

            j’apprécie bien au contraire votre franchise et vous en remercie, étant moi-même très franc dans cette satire, ce qui vous a peut-être incité à réagir avec bienveillance d’ailleurs.

            Je dis que ces règles sont mauvaises et le maintiens. Concernant « treuve » et « veuve » par exemple (le Misanthrope de Molière), Corneille lui-même critiquait cette possibilité à l’époque.

            C’est quand même une aberration de considérer qu’il n’y a pas d’hiatus au motif qu’un e muet termine un mot, exigeant une voyelle pour ne pas prononcer cet e final, c’est-à-dire créant un hiatus de toute pièce !

            Et donc interdire le hiatus si le mot est masculin mais l’obliger si le mot est féminin.

            Il est plus logique d’ignorer cet e final, mettant à égalité le féminin et le masculin, et exiger une consonne ensuite de manière à éviter l’hiatus dans tous les cas.

            Je doute fort que la quantité des syllabes y soit pour quelque chose comme dans l’Antiquité où la poésie était basée sur les longues et les brèves, c’est une question de nombre et de son, Hugo fait rimer hymen et chemin, c’est un non-sens, et ce ne sont pas les exemples qui manquent.

            Ils font rimer état et combat, c’est-à-dire qu’ils comptent le t final pour obtenir deux éléments de rime (un seul rendrait la rime pauvre) alors qu’il ne se prononce pas, ce qui fait que du point de vue de l’oreille, la rime est pauvre : c’est une rime visuelle tenant compte du t final. Il faudrait ignorer le t final qui ne se prononce pas et trouver deux éléments de rime sonnant « ta ».

            Je regrette aussi qu’on ait si longtemps maintenu ces mêmes règles : Verlaine (Paul dans mon texte) n’était pas du XVIIe siècle, ni Hugo (Victor dans mon texte).

            Je ne crois pas être complètement anachronique dans la mesure où les alexandrins récents ont respecté ces délires des vieux grammairiens qui devraient n’avoir plus cours depuis longtemps.

            J’aurais aimé l’existence d’une pièce en alexandrins modernes, libérée de toutes ces incohérences, elle aurait pu exister déjà au XIXe siècle, sans même parler du XXe siècle : je constate simplement qu’elle n’existe pas du fait d’un trop grand respect des traditions.

            Portez-vous bien
            et vis sit tecum.
            Aegidius

            #154531
            Joseph-MarieJoseph-Marie
            Participant

              Cher Aegidius,

              Pour les cas évoqués, “admis”, “fils” vous avez manifestement tort en raison de la prononciation de l'époque. Ainsi les problèmes de hyatus que vous évoquez répondaient aux règles de prononciation en vigueur : on peut critiquer ces règles, mais je ne pense pas qu'il faille critiquer ceux qui écrivaient selon ces règles. De même, il y a bien une nuance de prononciation entre “vu” et “vue”, même de nos jours, bien que notre langue a tendance à s'apauvrir. Qu'on veuille bien se reporter à la grammaire du Père Buffier : en songeant qu'il ne s'agit pas de “délires” en ce temps-là car la langue, sa prononciation et son écriture, même chez les “simples gens”, étaient différentes d'aujourd'hui. Je le répète on peut critiquer ces règles et aujourd'hui s'en affranchir (ou les assouplir) mais force est d'admettre qu'on parlait plus ou moins “comme ça” au 17ème.  Ce que je veux dire: c'est que, même dans l'intérêt de votre critique, il me semble important d'être juste par rapport à la prononciation – et de ce fait à la versification – classique du français.

              Pour le reste, je vous rejoins sur le fait que, si aujourd'hui on veut versifier en alexandrins ou autres vers “rythmiques”, on doit tenir compte des prononciations actuelles et éventuellement établir de nouvelles règles. Cependant, dans le contexte de dégradation linguistique où nous nous trouvons, je crains que vous ne soyez le seul à les suivre, ou à peu près!

              Enfin une chose me semble paradoxale dans votre propos : vous voulez de la musicalité mais me semblez minimiser la riche musicalité de l'époque. Cette richesse n'était peut-être pas exempte d'affectation et d'artifices, mais la poésie comme la musique n'ont-elles pas le droit d'y avoir recours pour se distinguer du langage courant et mieux appuyer leur propos?

              Il est agréable de pouvoir disputer de manière civilisée, je tiens à le signaler car aujourd'hui on n'est plus souvent confronté à ces deux opposés : refus iréniste de toute polémique, et polémiques qui virent rapidement à l'affrontement personnel souvent teinté (et même davantage) de grossièreté.

              Vale!

              Joseph-Marie

              #154533
              AegidiusAegidius
              Participant

                Cher Joseph-Marie,

                si l’s de « fils » ne se prononce pas à l’époque, la rime est alors pauvre et n’est que visuelle (c’est le sens de ma démonstration) car une rime doit contenir au minimum deux éléments distincts (que j’aimerais aujourd’hui clairement auditifs !), ou un seul pour les diphtongues. D’ailleurs, il ne leur aurait pas été possible de faire rimer défi et fils, ce qui est aberrant.

                Peut-être que le passage que vous incriminez surtout de mon texte est fautif tel qu’exprimé, et même un peu sévère, il faudrait soit bémoliser, soit rajouter un quatrain d’explication, ou encore remettre ce fragment sur le métier.

                Merci pour votre lien très instructif.

                Portez-vous bien
                et vis sit tecum.
                Aegidius

                #154534
                AegidiusAegidius
                Participant

                  Pour répondre à l’objection de Joseph-Marie, je me propose de rajouter ces deux quatrains.

                  Si « fils » se disait « fi », comme on veut bien le croire,
                  La rime alors est pauvre au plan de l’auditoire.
                  On parle bien à l’œil en prononçant fils « fi »
                  Qui rime avec « permis » mais non avec « défi » !

                  Car d’après leurs décrets, il manque l’insonore.
                  Dans un tel procédé, c’est l’ouïe qu’on déshonore.
                  On niait la vraie rime au nom d’un arrêté
                  Qui mettait dit et non dit à égalité.

                  http://dl.free.fr/p3Qa7zZBe

                  Portez-vous bien
                  et vis sit omnibus vobiscum.
                  Aegidius

                  #154572

                  O

                  #154573
                  Joseph-MarieJoseph-Marie
                  Participant

                    N

                    Cher Aegidius,

                    Je mets “non”, non pas à la forme mais, pour les raisons évoquées plus haut, au fond. Malgré les modifications bienvenues, je préférerais – ce n'est que mon avis personnel – un nouvel “ars poetica” à une “critique des anciens”.

                    Cordialement,

                    Joseph-Marie

                    #154577
                    Augustin BrunaultAugustin Brunault
                    Maître des clés

                      O

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