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- 4 septembre 2011 à 15h16 #1434234 septembre 2011 à 15h16 #154135
Hymne à la vie
Paul Gagnaire
(Extraits de la Symphonie no 2 – Résurrection – de Mahler)
D’une voix sortant des tombes,
la douleur nous crie sans cesse
qu’il faut mourir pour être heureux.
De l’œil noir de ses colombes,
les cieux gris nous crient sans cesse
qu’il faut pleurer pour être heureux.
Un cœur triste a-t-il tant de beauté ?
Un cœur mort en cherchant liberté
peut-il se rendre compte
qu’il est libre et heureux ?
Un cœur morne, opprimé, dépressif,
oublié, inquiet et maladif
peut-il se rendre compte
qu’il est libre et heureux ?
La souffrance et la mort ont cela de semblable
qu’elles sont des impasses.
Cigarette figée, l’air indéfinissable,
la vie passe et s’efface.
En refusant l’enfance, en masquant son parfum
par une tige blanche aux volutes sans fin,
en confinant la vie aux racines des fleurs,
en l’enterrant, on discrimine sa valeur.
Voix de Maureen Forrester, contralto :
Der Mensch liegt in größter Not,
Der Menschliegt in größterPein,
Je liebermöcht' ichimHimmel sein.
L'humanité se trouve dans une très grande urgence,
L'humanité se trouve dans une très grande agonie,
Toujours j'aimerais mieux être au ciel.
Je suis mort une fois et la mort s’est enfuie,
je n’avais plus d’envies, plus de rêves la nuit,
plus d’yeux pour me sourire en face du miroir,
ni repères, ni chants, ni pensées, ni espoir,
plus rien que le néant pour unique convive,
et une certitude, il fallait que je vive.
Alors voilà ma chance,
j’ai sali mon enfance.
On n’est jamais heureux d’être en train de souffrir,
de pleurer un départ ou l’arrivée du pire,
mais c’est vrai, le bonheur nous ouvrira ses portes
après avoir reçu un lot de chansons mortes.
Pardonnez-moi mes actes,
pardonnez-moi mes phrases ;
quand je signais des pactes
par le sang de l’extase,
je ne comprenais pas, je ne connaissais rien,
je me croyais minable, esseulé, bon à rien,
mais même dans l’absence,
même dans le silence,
il y aura toujours quelqu’un pour parvenir
à penser à nos vies, quelqu’un pour rajeunir
nos larmes d’exilés dénigrant l’avenir.
Chœur et voix d’Emilia Cundari, soprano :
Wiederaufzublüh'n, wirst du gesät !
Der Herr der Erntegeht
Und sammeltGarben
Uns ein, die starben!
Tu es semé pour fleurir à nouveau !
Le seigneur de la récolte marche
à grands pas
Et rassemble les gerbes.
Prions pour ce quelqu’un qui nous maintient en vie,
prions pour qu’à jamais nous soyons asservis
au regard des cœurs bons, décédés ou vivants,
qui écoutent le bruit des larmes s’échappant
de nos joues sacrifiées,
de nos bras scarifiés.
Je veux vivre
à en être ivre !
Je veux vivre.
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