Liturgie marine.
L'océan jette les armes de ses vagues, hordes échevelées qui butent sur les plages
En crabes affairés, poussant le varech et les mouettes silencieuses
Au dessus des soupirs bousculés de l'écume à l'écume
Ajoutée.
Rien ne dira la stupeur de l'âme face à la mer, quand elle étire vers les lointains
Ses bleus lazulites en largos lascifs, volupté sans âge
Dont la matière lui échappe aujourd'hui encore
Et toujours.
Le littoral en franges découpées courrent le long des incertitudes que sont les côtes,
Tour à tour baignées puis noyées dans les brumes
Qui font chagrin au corps et figent la main
Sur l'impossible des mots.
Comment raconter ces morsures marines en lutte avec la terre des hommes,
Ces amoureux craintifs de l'eau qu'ils vénèrent telle une mère
Alors que d'elle le coeur se glace, prêt à mourir
S'il le faut, dans l'instant même où il ne voulait
Que vivre ?
Pourquoi faudrait-il chercher ces littorines
Cachées aux creux des rochers, que le ressac agace
De ces infinis mouvements sans cesse renouvelés,
Et se pencher sur les grèves désolées pour y cueillir
Un seul coquillage ?
Y a-t-il même un espace où poser le regard,
Quand le temps s'est pris les pieds dans les déferlements
Qui usent les vies à force de caresses brutales,
Et malmènent les cordes au bout desquelles pendent
Nos espoirs ?