- Ce sujet contient 5 réponses, 1 participant et a été mis à jour pour la dernière fois par Augustin Brunault, le il y a 16 années et 9 mois.
- AuteurMessages
- 23 février 2008 à 13h26 #145402
STEINMANN, Philippe – Poésies
Aux bords de la Moselle
(Extrait de Claviers)
Sur la rivière, où glissent de longs cygnes,
On entrevoit des reflets de roseaux
S’effacer calmement, lorsque les eaux
Vertes remuent tel un bras qui fait signe.
Les oiseaux blancs gardent leurs poses dignes
Malgré la vague à l’ombre des bouleaux.
Des nénuphars, sur les rides malignes,
Rêvent. Partout l’osier veille à ses lignes,
Et le soleil agite son manteau
Sur la rivière.
Le courant lourd tristement se résigne
En un méandre, au tomber des coteaux.
Un brocher vise au but, bombe son dos,
Embrouille et fend le miroir fou des vignes,
Et le silence éclate sans un mot
Sur la rivière.23 février 2008 à 13h27 #145403Ballade
(Extrait de Claviers)
La feuille se détache et vole
Quand le frimas aux arbres roux
Fait danser une barcarole
Aux sons grêles des matins mous.
Alors le frêle fruit du houx
Tranche l’hiver en taches fortes,
Agite l’œil d’un vieux hibou
Et saigne sur mes amours mortes.
Plus une fleur ni sa corolle
Ne vient me conter ses atouts.
Plus une femme à la chair molle
Ne court me susurrer : Doudoux !
Je n’en voit plus une du tout
Qui pourrait par façons accortes
M’enjôler, car je me sens flou
Et saigne sur mes amours mortes.
Des seins à brunes aréoles,
Des jambes faites aux froufrous,
Ne me sauraient, quoique frivoles,
Toucher. Je pars creuser mon trou,
Avec outils et fourre-tout,
Où le diable pressé m’emporte.
Je me repais en toute soue
Et saigne sur mes amours mortes.
Prince ne dites peu ni prou
Si je vous signe cette eau-forte.
Je m’offre aux canines des loups
Et saigne sur mes amours mortes.23 février 2008 à 13h28 #145404Désert du froid
(Extrait de Claviers)
Dans ta robe à longs plis va-t’en de moi, ma peine.
Un air pressé de froid suit le bord de la Seine
Où la neige s’enfuit le long des seuls trottoirs
Que les flammes de l’Ouest embrasent vers le soir.
Un bruit mat se faufile, et sous tes pieds tu traînes
Des flots de souvenirs, comme un vieux chien sa chaîne.
Ma peine, tu n’as plus tant de lourds sommeils loirs
Dans ta robe à longs plis.
Tu es femme et langueur, mais tu n’es pas sirène
Pour vouloir me plonger au fond d’une fontaine !
La glace fait tomber, immobile déchoir,
Ses aiguilles de verre au creux des branches noires.
Comme autrefois, tu n’as plus tant d’amours si vaines
Dans ta robe à longs plis…23 février 2008 à 13h29 #145405Pendant l’Ondée
(Extrait de Fouets)
À René Depasse
Il va sous les pans de pluie
le plombier bleu qui musarde
autour de maintes mansardes.
Satan bénit ses gargouilles
mouille mouille mistigri.
Tu mouilles ton cœur aussi
aux caniveaux Montorgueil
le long de la pluie qui meurt
sur nos têtes petite sœur
l’eau roucoule ses lavis
Le ciel a semblance d’étain
musique d’étain très ancien
que je susurre ou que je traque
comme ton souvenir si bien
refait ses ronds parmi les flaques.23 février 2008 à 13h31 #14199423 février 2008 à 13h31 #145406Vagues
(Extrait de Fouets)
Au calme d’un ressac
la lumière égarée
accoucha d’une perle
et conduisit ta main
A la crête d’écume
le sel en son miroir
a rendu mainte épave
et le sable a sifflé
Un rosed’amertume
truffa nos transparences
et jaillirent sans noms
nos tentacules vifs
Jamais l’air ne bruissa
de tant d’embruns si mauves
quand le trident qui plonge
enfourcha l’horizon - AuteurMessages
- Vous devez être connecté pour répondre à ce sujet.