STEINMANN, Philippe – Poésies

Accueil Forums Textes STEINMANN, Philippe – Poésies

6 sujets de 1 à 6 (sur un total de 6)
  • Auteur
    Messages
  • #145402
    Augustin BrunaultAugustin Brunault
    Maître des clés

      STEINMANN, Philippe – Poésies


      Aux bords de la Moselle


      (Extrait de Claviers)

      Sur la rivière, où glissent de longs cygnes,
      On entrevoit des reflets de roseaux
      S’effacer calmement, lorsque les eaux
      Vertes remuent tel un bras qui fait signe.
      Les oiseaux blancs gardent leurs poses dignes
      Malgré la vague à l’ombre des bouleaux.
      Des nénuphars, sur les rides malignes,
      Rêvent. Partout l’osier veille à ses lignes,
      Et le soleil agite son manteau
      Sur la rivière.
      Le courant lourd tristement se résigne
      En un méandre, au tomber des coteaux.
      Un brocher vise au but, bombe son dos,
      Embrouille et fend le miroir fou des vignes,
      Et le silence éclate sans un mot
      Sur la rivière.

      #145403
      Augustin BrunaultAugustin Brunault
      Maître des clés

        Ballade

        (Extrait de Claviers)

        La feuille se détache et vole
        Quand le frimas aux arbres roux
        Fait danser une barcarole
        Aux sons grêles des matins mous.
        Alors le frêle fruit du houx
        Tranche l’hiver en taches fortes,
        Agite l’œil d’un vieux hibou
        Et saigne sur mes amours mortes.

        Plus une fleur ni sa corolle
        Ne vient me conter ses atouts.
        Plus une femme à la chair molle
        Ne court me susurrer : Doudoux !
        Je n’en voit plus une du tout
        Qui pourrait par façons accortes
        M’enjôler, car je me sens flou
        Et saigne sur mes amours mortes.

        Des seins à brunes aréoles,
        Des jambes faites aux froufrous,
        Ne me sauraient, quoique frivoles,
        Toucher. Je pars creuser mon trou,
        Avec outils et fourre-tout,
        Où le diable pressé m’emporte.
        Je me repais en toute soue
        Et saigne sur mes amours mortes.

        Prince ne dites peu ni prou
        Si je vous signe cette eau-forte.
        Je m’offre aux canines des loups
        Et saigne sur mes amours mortes.

        #145404
        Augustin BrunaultAugustin Brunault
        Maître des clés

          Désert du froid

          (Extrait de Claviers)

          Dans ta robe à longs plis va-t’en de moi, ma peine.
          Un air pressé de froid suit le bord de la Seine
          Où la neige s’enfuit le long des seuls trottoirs
          Que les flammes de l’Ouest embrasent vers le soir.
          Un bruit mat se faufile, et sous tes pieds tu traînes
          Des flots de souvenirs, comme un vieux chien sa chaîne.
          Ma peine, tu n’as plus tant de lourds sommeils loirs
          Dans ta robe à longs plis.
          Tu es femme et langueur, mais tu n’es pas sirène
          Pour vouloir me plonger au fond d’une fontaine !
          La glace fait tomber, immobile déchoir,
          Ses aiguilles de verre au creux des branches noires.
          Comme autrefois, tu n’as plus tant d’amours si vaines
          Dans ta robe à longs plis…

          #145405
          Augustin BrunaultAugustin Brunault
          Maître des clés

            Pendant l’Ondée

            (Extrait de Fouets)

            À René Depasse

            Il va sous les pans de pluie
            le plombier bleu qui musarde
            autour de maintes mansardes.
            Satan bénit ses gargouilles
            mouille mouille mistigri.

            Tu mouilles ton cœur aussi
            aux caniveaux Montorgueil
            le long de la pluie qui meurt
            sur nos têtes petite sœur
            l’eau roucoule ses lavis

            Le ciel a semblance d’étain
            musique d’étain très ancien
            que je susurre ou que je traque
            comme ton souvenir si bien
            refait ses ronds parmi les flaques.

            #141994
            Augustin BrunaultAugustin Brunault
            Maître des clés
              #145406
              Augustin BrunaultAugustin Brunault
              Maître des clés

                Vagues

                (Extrait de Fouets)

                Au calme d’un ressac
                la lumière égarée
                accoucha d’une perle
                et conduisit ta main

                A la crête d’écume
                le sel en son miroir
                a rendu mainte épave
                et le sable a sifflé

                Un rosed’amertume
                truffa nos transparences
                et jaillirent sans noms
                nos tentacules vifs

                Jamais l’air ne bruissa
                de tant d’embruns si mauves
                quand le trident qui plonge
                enfourcha l’horizon

              6 sujets de 1 à 6 (sur un total de 6)
              • Vous devez être connecté pour répondre à ce sujet.
              Veuillez vous identifier en cliquant ici pour participer à la discution.
              ×