AHIKAR, L’usage du temps

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    GaëlleGaëlle
    Maître des clés

      À la cime d’un cyprès hinoki nain, un merle est posé. Il aime bien se poser là, je l’y vois très souvent. Sur un mur en surplomb, une belle chatte tricolore surveille le merle. Comme tous les chats qui passent l’hiver dehors, elle possède une épaisse fourrure. La chatte sait qu’elle n’a aucune chance d’attraper le merle, l’arbre est trop loin, il lui faudrait faire un saut de presque quatre mètres. Cependant, c’est dans sa nature de guetter, et elle guette.
      Aujourd’hui, elle est descendue du mur en pierres en s’aidant de la vigne vierge. Les grains de raisins sont presque noirs et les feuilles d’un rouge flamboyant. La chatte est maintenant au pied du cyprès nain dont la cime ne doit pas dépasser les trois mètres. Elle redresse la tête et observe le merle. C’est un beau merle mâle au bec orangé et au plumage noir. Le merle ne semble pas inquiet, tout juste est-il sur ses gardes.
      C’est alors que je vois la chatte accomplir pour la première fois un geste de simulation : elle fait semblant de sauter, ce qui provoque l’envol immédiat de l’oiseau. Je souris…
      Les journées raccourcissent et le soleil est de plus en plus bas. La chatte aime bien s’allonger au soleil, mais le mur en surplomb du cyprès est maintenant presque toujours dans l’ombre. Je sais que la chatte préférerait se tenir au soleil, et pourtant, elle est là, pendant des heures entières, à guetter un oiseau qu’elle n’attrapera jamais.
      Mais si la chatte ne guettait pas, que ferait-elle de son temps ?

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