Avertissement : il faut affronter ce texte comme un traité de métaphysique et subir un raisonnement parfois compliqué sur Le Démon de la perversité. Mais nous comprenons que ces préliminaires abscons étaient nécessaires :
« Si je vous en ai dit aussi long, c’était pour répondre en quelque sorte à votre question, – pour vous expliquer pourquoi je suis ici, – pour avoir à vous montrer un semblant de cause quelconque qui motive ces fers que je porte et cette cellule de condamné que j’habite. Si je n’avais pas été si prolixe, ou vous ne m’auriez pas du tout compris, ou, comme la foule, vous m’auriez cru fou. Maintenant vous percevrez facilement que je suis une des victimes innombrables du démon de la perversité. »
On ne sait pas auparavant que le narrateur n’est pas un métaphysicien, mais un condamné à mort qui purge sa peine, parce que ce démon, mal étudié, l’a poussé à avouer son crime.
L’Homme des foules est un vieillard mystérieux qui ne peut vivre que parmi les autres, mais sans contact avec eux : nous le suivons, avec l’auteur, une nuit, et quand le jour arrive, nous ne savons toujours rien sur lui. Le grand art de Poe est de maintenir notre curiosité éveillée sans la satisfaire, mais les descriptions des diverses foules de Londres sont très pittoresques :
« Il y avait bon nombre de ces individus d’une apparence brillante que je reconnus facilement pour appartenir à la race des filous de la haute pègre dont toutes les grandes villes sont infestées. J’étudiai très curieusement cette espèce de gentry, et je trouvai difficile de comprendre comment ils pouvaient être pris pour des gentlemen par les gentlemen eux-mêmes. L’exagération de leurs manchettes, avec un air de franchise excessive, devait les trahir du premier coup. »
Consulter les versions textes de ce livre audio : Le Démon de la perversité, L’Homme des foules.
Harry Clarke, Illustration pour l’histoire d’Edgar Allan Poe L’homme des foules (1923).
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