En 1843, Théophile Gautier a parcouru toute l’Espagne, de la Bidassoa aux bouches de l’Ebre, en passant par Valladolid, Madrid, Séville, Cordoue et Grenade. Il l’a vue en peintre et en poète, tout aux impressions d’art et aux souvenirs littéraires.
Treize ans plus tard, dans La Peau du tigre (presque au complet sur le site), il insère un article La Tauromachie qui doit beaucoup à son voyage où il s’était fort documenté. Sa position est nette, au risque de s’attirer les critiques des adversaires de ce sport :
« Nous trouvons que ce spectacle est noble, héroïque, et digne d’un peuple vaillant ; il démontre la supériorité du courage sur la force brutale, et de l’esprit sur la matière.
Cette lutte, où le combattant le plus faible est presque toujours vainqueur, et cela par le sang-froid, par l’appréciation juste du danger, inspire à l’âme des spectateurs un sentiment de fierté bien différent du trouble où les laissent les émotions de théâtre. C’est une impression mâle, énergique, robuste, et préférable aux mélancolies romanesques. »
« Goya, l’admirable auteur des Caprices, était un aficionado exalté : il passait sa vie parmi les toreros et ne manquait pas une course. Il a rendu, sous le titre de Toromaquia, dans une suite d’eaux-fortes mêlées d’aqua-tinta, avec cette fougue, cette fantaisie et ce caractère profondément espagnol qui lui sont propres, différentes scènes de courses depuis lès Mores jusqu’à son temps. »
Note : Les auditeurs voudront bien m’excuser d’avoir écorché certains mots, car le texte est truffé de fautes françaises et espagnoles qui en rendent la lecture difficile !
Francisco de Goya, Pedro Romero tuant un taureau (vers 1816).
Merci M. Depasse pour ce document bizarre. C’est marrant comme les grands écrivains peuvent avoir parfois la vue basse.