Le Signal (1887) s’achève par une tragique illustration de l’amitié entre deux malmenés par la vie, le garde-barrière Basile toujours irrité par l’injustice et la cruauté humaine, et son collègue Ivanoff qui, au nom du ciel, se résigne. Nous trouvons dans cette nouvelle de Garchine la tristesse de La Fleur rouge (1883) et deux souvenirs autobiographiques : l’auteur a participé à la guerre contre les Turcs, comme son héros et fut secrétaire, dans l’Administration des Chemins de fer où est employé Ivanoff…
« Ivanoff : – Oui, voisin, j’ai beaucoup souffert depuis que je suis au monde. Il y a des gens qui ont de la chance, qui vivent heureux, sans soucis. Eh bien, moi, qui n’ai jamais fait de mal à personne, rien ne me réussit…
Basile ne répondit rien : il secoua la cendre de sa pipe contre le rebord du rail, se leva et dit avec un soupir :
– Ce n’est pas la chance, voisin, qui est contre nous, mais les hommes. Il n’y a pas au monde de bête plus féroce, plus malfaisante que l’homme. Les loups ne se mangent pas entre eux… un homme mangerait volontiers un de ses semblables, et tout vivant encore…
Ivanoff resta pensif…
– Je ne sais pas, moi… Après tout c’est possible. En tout cas, si nous sommes malheureux, c’est que Dieu le veut ainsi… »
Le signal
bonjour Mr Depasse,
merci pour cette nouvelle de Garšin un auteur pas assez connu ici en France.
Je suis impressionné par votre générosité à offrir votre voix à la lecture d’un si considérable nombre d’oeuvres.
Je crois comprendre que vous aimez la littérature russe (comment ne pas l’aimer?). Je me suis demandé pourquoi quelqu’un n’essaierait pas de lire encore quelques oeuvres très importantes du XIX s. russe, comme Oblòmov de Gončarov, les Golovlev de Saltykov-Ščedrin, ou encore les Demons ou l’Idiot de Dostoevskij.
Je le ferai volontiers, mais je ne suis pas francophone et mon accent étranger ne se prête pas à cette tâche.
Meilleures salutations.